Le "NON" irlandais sème le trouble

      

L'irlande a rejetté à 53.4% des voix le traité de Lisbonne. On ne polémiquera pas sur les raisons de ce résultat. On s'interrogera plutôt sur la suite : les dirigeants européens vont-ils continuer, en mettant de côté ce coup d'arrêt, le processus de ratification ?

Il faut savoir aussi, par ailleurs, que le Non était soutenu en Irlande par un multimilliardaire opposé à l'harmonisation fiscale, par les anti-avortement / anti-divorce / anti-mariage gay qui refusent la légalisation dans leur pays, par les ultranationalistes... Bref, pas vraiment des gauchistes: ce "Non" était un non néoconservateur, selon un journaliste de Libération.

Le problème n'est pas le texte, abéramment long de 5 pages, dont la plupart des Européens se fichent bien, mais le contexte, à savoir un profond divorce entre le peuple et l'Europe, construite depuis 50 ans par des élites.

Force est de constater que la construction de l'Europe est en crise, peut-être la plus grave de son histoire. Une crise de croissance, face à une Europe élargie qui s’interroge sur ses frontières et sa puissance. Une crise de confiance des citoyens dans des institutions désincarnées et technocratiques. Une crise de croyance des Européens dans la capacité de l’UE à leur apporter le progrès économique et social. 

A la veille de la présidence de l'UE par la France, Sarkozy comprend-t-il ce malaise ? Ce n'est pas ce qui semble être puisqu'il s'obstine à dire que le Traité de Lisbonne n'est pas mort et qu'il faut poursuivre le processus. Véritable autisme de sa part.